mercredi 17 juin 2015

DEMOCRATIE OUVERTE !



Nous étions invités à participer ce 12 juin, à la Cité universitaire au colloque organisé par « LES CAHIERS DE LA FONCTION PUBLIQUE » sur le thème de «  l’Administration ouverte et l’open data ».Une nouvelle fois cette matinée clôturée par le Secrétaire d’État en charge de la réforme de l’État, a été riche d’enseignements et de confirmations par la grande qualité des intervenants et la liberté du propos.
 
Comme nous l’avons souligné à nos interlocuteurs, entendre un membre du Secrétariat général du gouvernement pointer les cloisonnements de l’administration et dire que  donner la parole aux citoyens est symboliquement important, ou un élu d’une petite commune des Landes montrer que « quand on veut on peut », nous a été droit au cœur.
C’est pourtant ailleurs que nous tirons des certitudes, dans la justesse de notre croisade pour un citoyen acteur de son destin, et dans la réalité qu’en 2017, la voie est béante, pour une personnalité issue du terrain et de la société civile, qui saura agréger autour d’elle, de vrais citoyens, qui ont des convictions, qui savent de quoi ils parlent, et qui sont prêts à consacrer un temps de vie a la collectivité, pour mettre en œuvre des mesures que la majorité des français attendent.
Comme l’a souligné avec justesse un jeune professeur, faisant référence à Guy CARCASSONNE « La Vème république a fait de la France une démocratie ouverte qui peut encore progresser ».
 
Les pitoyables gesticulations des candidats putatifs pour 2017, la pauvreté des corpus d’idées, l’intoxication organisée par  des partis politiques, comme les syndicats, qui gonflent leur nombre d’adhérents, pour continuer à faire comme si……est un signe !
Que tout ce beau monde entende la Secrétaire générale pour la Modernisation de l’Action publique, quand elle dit que dans un pays comme la France aussi varié et multiple que ces fromages, la capacité à se faire comprendre et donc a se faire entendre est capital !
C’est là que le bât blesse, dans un pays hyper éduqué, avec des générations nouvelles nourries aux NTIC, à l’immédiateté générée et à la transparence contrainte qui en découle il faut sortir des schémas éculés.. Malheureusement nous avons un personnel politique consanguin et hors sol, qui continue à fonctionner en vase clos, mais surtout, ne veut  pas comprendre, que « les mouches ont changé d’ânes », car incapable de consacrer les temps à l’écoute et à cette démocratie participative autorisée par la nouvelle communication, les réseaux et surtout par la conscience grandissante dans l’esprit du citoyen, que le temps de l’indifférence est révolu.
Dans cet esprit, les animateurs de la CNDP (Commission nationale du débat public) seraient bien venus de penser qu’il ne suffit pas de faire croire en la concertation, pour recevoir quitus.
Les exemples foisonnent, où la vox populi s’exprime clairement, dans des ZAD ou ailleurs, et où les lobbies et les certitudes technocratiques passent outre.
Nous avons le privilège d’avoir participé à une consultation, portant sur la gestion de l’eau (bien commun si il en est), et sur la question du choix entre la régie directe et l’affermage. Une vraie consultation citoyenne a été diligentée, et nous avons avec d’autres apporté des clés de lecture, les plus objectives possibles, aux citoyens. Les résultats sont édifiants, reste à savoir si les élus, en tiendront compte.
Cette démocratie citoyenne de proximité est autrement importante que le pas de clerc de notre premier ministre, qui lui aussi nous réjouit, car un élu qui a le sens de la famille la vraie, cela nous rassure, dans un environnement volatil pour ne pas dire volage !!!

dimanche 14 juin 2015

Filmer Vincent Lambert : une vidéo trompeuse pour instiller le trouble.

" Libr'Acteurs entend rendre le citoyen acteur de son destin, dés lors nous ne pouvions rester silencieux, à propos de V. LAMBERT.
Vous trouverez une analyse de l'un de nos membres, particulièrement autorisé en l’espèce."



Les parents de Vincent Lambert, leurs conseils médicaux et juridiques et tous ceux qui se disent ses défenseurs, sont certainement effondrés par la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qu’ils ne comprennent probablement pas.

Mais pour autant, rien ne les autorise à faire feu de tout bois au mépris absolu de la dignité de Monsieur Lambert. C’est pourtant ce qu’ils font en publiant sur Internet une vidéo de leur proche par laquelle ils veulent faire croire au public que Vincent comprend le résumé du verdict le concernant.

Qu’est ce que l’on voit sur cette vidéo ? Et bien avant tout une personne en état végétatif. On y voit aussi un homme dont l’état physique témoigne de la qualité des soins appropriés dont il bénéficie à Reims, tout à l’opposé de ce que disent certains de ses proches.

Les images ont été choisies et sélectionnées pour montrer Vincent semblant regarder celui qui lui parle et même écouter sa mère quand un téléphone lui est mis à l’oreille. Sa mère lui dit « «Je t'appelle de Strasbourg, les nouvelles ne sont pas bonnes. On va te faire sortir de là. Ce n'est pas juste. On va se battre.». C’est effectivement terriblement troublant pour celui qui voit pour la première fois une personne en état végétatif chronique. Comment admettre en effet que tous ces signes ne sont que ceux de l’éveil et non de la conscience, deux fonctions cérébrales différentes ? Comment imaginer qu’en étant apparemment si présent, Vincent en fait n’intègre plus rien du monde extérieur ni de sa propre subjectivité ? C’est tout le mystère déroutant de l’état végétatif.

Cette situation n’est pas prévue dans l’histoire naturelle de l’Homme. Elle est une création de la médecine contemporaine en particulier des services de secours et de réanimation, deux structures essentielles dans la prise en charge des urgences vitales. Jadis, l’être humain était soit mort, soit vivant. Il n’y avait pas d’entre-deux possible. Dès lors, aucun rite, aucune réflexion philosophique n’a été élaboré pour penser cet état, qui de ce point de vue peut être qualifié « d’inhumain ». Pour en avoir vu beaucoup au cours de ma carrière, je peux dire que l’incompréhension est constante chez tous ceux qui soudain voient une personne affectivement proche sombrer dans cet état. Les familles, mais aussi les soignants s’accrochent au moindre signe, l’interprètent de façon encourageante. Mais la situation, inexorablement, conduit vers l’état végétatif chronique. Alors, comme le fait Vincent sur la vidéo, s’installe une errance du regard, des mâchonnements et, si l’on filmait plus longtemps Monsieur Lambert, il y a fort à penser qu’on verrait qu’il baille, qu’il déglutit, qu’il s’endort et qu’il pleure. Mais aucun signe de conscience c’est-à-dire aucune réponse à un ordre simple, aucune réaction orientée et reproductible pour venir témoigner qu’il a compris.

Chez ces personnes, tout est automatique et mis en œuvre par la partie végétative du cerveau. Mais le cortex cérébral, siège de la conscience, n’est plus actif car anatomiquement ou fonctionnellement détruit. C’est ce que l’équipe médicale de Reims, puis l’expertise médicale diligentée par le Conseil d’État ont confirmé, considérant que M Lambert était désormais en état végétatif irréversible.

A propos de cette vidéo, au delà de la valeur du procédé utilisé pour sensibiliser et troubler le public, se pose une autre question : les auteurs ont-ils obtenu l’autorisation de Monsieur Lambert pour le filmer et publier ses images ? C’est ce que prescrit pourtant la réglementation sur le droit à l'image et la protection de la vie privée qui stipule que « Avant toute diffusion d'une image d'une personne dans un cadre privé, le diffuseur doit obtenir son accord écrit en précisant à quelle date et à quel endroit elle a été réalisée. ».

A l’évidence, cet accord n’a pas pu être obtenu ce qui suggère que Monsieur Lambert est instrumentalisé par certains de ses proches pour des raisons qui ne sont pas forcément celles de sa défense.


Michel Hasselmann

Professeur de Réanimation Médicale – Directeur de l’Espace de Réflexion Éthique Région Alsace




mercredi 10 juin 2015

LES ECHOS LE CERCLE : PRINCIPES

 

Le Président de la République, fin tacticien, se révèle très sensible aux véritables expertises de la société civile. Mieux vaut tard que jamais pour un homme qui, il y a peu, criait haut et fort que la politique "est un vrai métier pour être laissée à des ministres experts dans leurs domaines".

Corinne Lepage vient de se voir confier une formidable mission, écrire un projet de Déclaration des Droits de l'Humanité ! Le lecteur averti comprendra que ce choix nous va droit au cœur, mais il comprendra aussi qu’en regard du passé, et du commanditaire nous restions très attentifs !
Confier à l’une des personnalités les plus qualifiées, le soin de dresser un inventaire des droits de l’humanité, est une belle initiative, même si nous aurions aimé entendre Droits et Devoirs de l'Humanité ! Nous ne doutons pas que la chargée de mission, qui sait de quoi elle parle, enrichira l’intitulé ! 
Seule vraie gardienne d’une écologie lucide et non sectaire (nous parlons désormais de "conscience de la terre"). Sentinelle attentive de l’éthique et de la citoyenneté active, et mère du principe de précaution, l’ancienne ministre a du pain sur la planche.
Les Déclarations solennelles, comme les principes ont trop souvent vocation à être oubliés ou foulés au pied, dès que de petits intérêts électoralistes sont menacés. 
Les droits et devoirs de l’humanité se vivent au quotidien, et ne peuvent être laissés entre les mains de petites minorités agissantes, qui ont désormais fait la preuve de leurs limites intellectuelles et éthiques. À cet égard, nous renvoyons le lecteur à Gramsci qui au début du XXe siècle, dénonçait les dangers de l’indifférence citoyenne, et surtout à Michel Crozier que nous avons eu le privilège d’entendre pointer la "crise de l’intelligence" ou l’impuissance des élites à se réformer.
Les droits et les devoirs de l’humanité s’inscrivent dans une vision prospective, qui emprunte au développement durable, guidé par un principe de précaution à ne pas confondre, comme trop souvent avec un principe de suspicion, a priori, générateur de blocages et porté par les procès d’intention, eux-mêmes instruits par de petites minorités sectaires et agissantes. Le douloureux cas de V. Lambert et la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) illustrent parfaitement cet aspect si l’on entend les réactions d’un certain intégrisme religieux.
Mais en ce 10 juin, c’est ailleurs que les droits de l’humanité mériteraient d’être respectés. Un droit simple, celui d’une information claire, et d’une écoute attentive, qui ne laisserait pas à une instance non élue (la Commission européenne) le pouvoir de signer un accord transatlantique de libre-échange (TAFTA-TTIP) ! C’est aujourd’hui que cela se joue, avec un texte qui va à l’encontre du droit basique à reconnaître à chaque humain de savoir ce qu’il mange, comment cela est produit, et une menace non discutable sur les aléas climatiques.
Un droit simple consistant à laisser les États souverains maîtres de leurs réglementations et normes, et ne pas les soumettre aux tracasseries juridiques de lobbies, gênés dans leurs visées expansionnistes.
À l’heure des grands principes, celui d’une volonté sans faille de rendre le citoyen acteur, par une information et une pédagogie volontariste, mérite une place toute particulière. Les NTIC, la mise à disposition de datas publiques (bases de données), rendent désormais possible, cette démocratie citoyenne participative.
Espérons que cela sera regardé comme un droit, naturel et non octroyé, pour éviter de le voir conquis par des voies et des voix exaspérées.

samedi 23 mai 2015

TACTICIENS !




Comme souvent l’actualité est un lieu particulièrement instructif de coïncidences qu’il nous paraît bon de pointer. En effet, mieux que de longs discours ou analyses, des situations donnent au citoyen des clés de lecture pertinentes, de nature à permettre d’utiliser son vote, sa voix, pour la bonne voie !

En l’espèce nous voulons parler du vote des primaires PS d’une part et de la polémique sur le nom « Républicains » et le logo attaché d’autre part. Dans les 2 cas, nous trouvons à la manœuvre, en coulisse pour l’un, sur la ligne de feu pour l’autre, un Président qui entend le rester, et pour l’autre, un ancien qui voudrait le redevenir.

Dans les 2 occurrences, les 2 tacticiens révèlent leurs personnalités, dont la grande majorité des citoyens ne veulent plus.

S’agissant du vote des motions pour le congrès PS de POITIERS, celle de la ligne présidentielle, arrive en tête largement, même si le score (60%) ramené au taux de participation (55%) et au nombre effectif de militants habilités, doit conduire à la plus grande modestie. Cette motion, est la traduction exacte de la personnalité de l’actuel locataire de l’Elysée, où l’on dit tout et le contraire de tout, pourvu que l’on ménage la chèvre et le choux, et qu’une poule n’y retrouve pas ses petits. C’est ainsi que sans rire des Ministres régaliens, comme celui des finances ou du travail, repoussent « sine die » l’impôt à la source pour l’un, et le CV anonyme pour l’autre, mesures emblématiques de la motion qu’ils ont signée. Peu importe, cette méthode trahit la tactique du « maître de ballet », qui a porté, en 2012, après les promesses du BOURGET, le Premier Secrétaire là où il est. Peu importe si ce flou artistique génère rancœurs et frustrations et paralyse le pays.

Pour ce qui concerne, l’ambition de donner le nom REPUBLICAINS à un parti politique, nous sommes face à une seconde personnalité, toute aussi ambitieuse, mais qui avance façon « blitzkrieg » jusqu’au moment où on lui tape sur le bec. Comme nous avons eu l’occasion de le souligner en d’autres lieux, en cette affaire, « passées les bornes il n’y a plus de limites », surtout quand le logo envisagé n’est rien moins que le drapeau français, nimbé d’un bonnet phrygien ! Ici et sans préjuger de la décision de justice, il faut voir comment, les défenseurs de ce label, s’évertuent à cantonner l’espèce dans une sphère politicienne, alors qu’il s’agit de toute autre chose. A l’heure de la communication, des NTIC, de l’impact des persistances rétiniennes et auditives, comment penser qu’une armée de communicants, accouchent d’une telle banalité de nom, si en creux, et de manière « dolosive », ce nom à vocation à brouiller l’image en préemptant l’un des éléments constitutif de la démocratie française.

Ce qui nous paraît intéressant de souligner dans les 2 cas, à partir d’ADN différents, c’est cette « lumpen » volonté de ne pas avancer au grand jour, pour abuser le plus grand nombre de citoyens possible.

Cette persistance justifie le « errare humanum est…….Sed perseverare diabolicum » et ne laisse rien augurer de bon pour la suite.

Pour preuve nous animions, il ya peu, une petite réunion en province, et l’un des jeunes présent, me dit, souvenez vous de cette phrase « la jeunesse se désespère, parce qu’elle n’a plus d’appuis, elle ne croit plus en la politique française. Le désespoir est mobilisateur, et dés lors il est dangereux car il peut mener au terrorisme.. ». Mon interlocuteur, me demande si je connais cette sortie de BALAVOINE face à F MITTERAND en 1980 sur un plateau télé ? Oui, mais nous l’avons oublié, et singulièrement notre génération de papy boomer qui a miné le terrain de jeux de ses propres enfants, en laissant perdurer une démocratie qui a dévoyé l’engagement politique noble, laissant la bride sur le cou à des partis politiques , machines à lasser les meilleures bonnes volontés.

Espérons que les 2 actualités relevées, amènent le plus grand à comprendre, qu’un parti politique doit toujours être sous contrôle du citoyen acteur. En effet si l’on n’y prend garde le parti politique révèle sa vraie nature. Comme certains l’ont dit avec talent, le parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Cet instrument est conçu pour exercer une pression sur ces militants et sur le citoyen, de manière à croître sans limite. Dés lors, dans son moteur et son ambition le parti est totalitaire.

Vous comprendrez pourquoi, il faut veiller à l’émergence de cadres d’exercice plus lucides et sécurisés de la citoyenneté active, par le biais de mouvements, qui entendent d’abord proposer des débats d’idées, et promouvoir des personnalités qui ont une conviction propre, une culture avérée, des trajectoires lisibles et sans tâche, et entendent simplement consacrer un temps de vie au collectif.

R HASSELMANN


Illustration : Echiquier - Ange BERTALAN (Voir d'autres oeuvres)

jeudi 7 mai 2015

Au rang des propositions qui nous remontent, celle ci, qui pointe, a juste titre, le chômage comme priorité absolue et propose d'en faire l'unique cible, avec la même motivation que celle qui anime le créateur de start-up.
Ce point de vue rejoint nos approches et participe du débat que les citoyens de la vie réelle se doivent d'engager et d'imposer.




On pourrait résoudre le problème du chômage en deux ans, refaire repartir la demande et donc la croissance en réduisant tous les déficits et cela sans mettre le pays à feu et à sang.

Savez vous qu'il y a 30 milliards par an destinés à la formation professionnelle dont 5% seulement sont consacrés aux chômeurs.

Alors si le chômage est la priorité des priorités, il faut très vite,  pendant deux ans, consacrer ce budget soit soixante milliards, pour les chômeurs, afin de faire coïncider les qualifications
et les 800 000 postes par an disponibles pour remplacer les départs en retraite (voir récent rapport).
Il faut utiliser le processus de l'apprentissage pour le faire de la manière la plus efficace, et la mieux adaptée en mobilisant et impliquant les partenaires sociaux sur ce grand projet.
Il n'y a même pas à modifier le code de travail ce qui serait difficile à mettre en œuvre et beaucoup trop long.

C'est là la seule et ardente obligation du gouvernement. Le reste n'est que l'écume des choses !
Le Président Hollande devrait sonner la charge sur ce projet.

Le temps n'est plus aux petites recherches de pouvoir et de satisfaction d’égos face à un cancer décelé depuis prés de 40 ans.

Ce projet mérite un consensus collectif pour remettre la machine économique en marche.

Cela passe par un petit sacrifice des CDI déjà qualifiés......renoncer pendant 2 ans à toute formation !

Est-ce beaucoup demander en regard de l'enjeu ?

Dominique BIED


lundi 4 mai 2015

Les Espaces de Réflexion Ethiques Régionaux : médiateurs de la parole citoyenne ?

Dans le cadre des interventions des LIBR'ACTEURS, vous trouverez un article qui est au cœur de notre démarche pour un citoyen acteur, participatif et qu'il faudrait écouter!


Depuis l’arrêté ministériel de janvier 2012 créant les Espaces de Réflexion Éthique Régionaux et Interrégionaux (ERER/IR), vingt et un sont opérationnels au niveau national.
Parmi les missions définies par cet arrêté, il est clairement spécifié que les ERER/IR doivent organiser des réunions publiques pour promouvoir l’information et la consultation des citoyens sur les questions d’éthique et ceci, en lien avec les autres espaces de réflexion éthique et le CCNE1.
Forts de cette mission « officielle », les espaces éthiques ont donc largement participé au débat sur la fin de vie dans leur région respective.
Ils y ont organisé de nombreuses manifestations pour le grand public, pour des lycéens et des étudiants, pour des membres d’associations ou d’instances éthiques locales, mais aussi pour des soignants. Leur but était d’éclairer les participants sur les questions qui aujourd’hui font débat dans le domaine de la fin de vie, mais aussi de connaître les sentiments, les craintes et les attentes de la population face à la souffrance et la mort.

Les données recueillies auprès de quelques 5000 personnes ont été transmises au CCNE, charge à lui d’éclairer le législateur dans son travail d’actualisation de la loi relative aux droits des malades et la fin de vie. Qu’est ce que ces rencontres ont révélé ? Tout d’abord des notions déjà connues, notamment la très mauvaise connaissance par le grand public de la loi Leonneti et des directives anticipées, en particulier leur mode de rédaction.
Un élément souvent retrouvé était aussi le caractère très obscur pour le citoyen des termes utilisés dans la loi, termes qu’ils confondent - limitation et arrêt thérapeutique, double effet, sédation. Cette confusion rend bien sûr difficile la compréhension de la loi. Mais ces rencontres ont aussi fait ressortir des données moins connues, comme par exemple la crainte de l’isolement et de la solitude, et celle de ne pas être entendu ou de ne pas faire face dans la phase terminale de leur existence.
Souvent également les citoyens ont exprimé leur peur de voir les enjeux économiques l’emporter sur les préoccupations d’ordre médical et moral. A l’issue de ces rencontres, un rapport de synthèse détaillé assemblant les données collectées par les ERER/IR, a été adressé à chaque membre de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale afin de porter à la connaissance du législateur des notions importantes, pas forcément très connues. Mais qui en a tenu compte et comment ? Il est impossible de le savoir. Tout ce travail de terrain qui a mobilisé d’importants moyens humains et matériels, serai-t-il resté vain ?
Cette question n’est pas sans fondement car la critique sur la non-utilisation des données recueillies lors de débats publics ou de forums citoyens a déjà été faite en particulier lors de la révision de la loi bioéthique en 20112.

En France, la démocratie représentative fait loi ne laissant pas de place à la démocratie délibérative. Là où les citoyens ne peuvent pas se faire entendre, un élu par le dépôt d’un amendement lors du travail parlementaire, peut obtenir gain de cause.
Ce déni de la parole populaire fait que les enceintes institutionnelles traditionnelles sont suspectées et progressivement délaissées au profit de nouveaux espaces de sociabilité. C’est parfois par la manifestation, la contestation dans la rue ou sur un site naturel, quand il devient « zadiste »3 que le citoyen croit trouver une autre sorte de démocratie.
Ce n’est à l’évidence pas la solution dans le domaine de la bioéthique. Mais comment faire pour reconnaître la place du citoyen dans le débat public et pour tenir compte de son avis sur les problèmes de société ? Une solution passe peut-être par l’appui de la Commission nationale du débat public4 œuvrant actuellement dans le domaine de la protection de l’environnement.
En tout état de cause, il faut innover si l’on veut que les données recueillies sur le terrain ne restent pas lettre morte.

Il n’est pas tenable de faire croire au citoyen que son avis est important et digne d’intérêt et, le moment de la décision venu, ne pas le considérer.

Tenir compte des consultations citoyennes comme celles organisées par les ERER/IR, ne remet en cause ni la compétence, ni la légitimité du législateur. Mais les méconnaître, les renvoie au rang de simple caution pour des décisions prises en d’autres lieux et sur d’autres arguments.
Ignorer une des missions phares des Espaces Éthiques remet en cause leur crédibilité.

Michel Hasselmann
Lettre N°85 du CEERE Mai 2015.
Directeur de l’Espace de Réflexion Éthique Région Alsace
Professeur de Réanimation Médicale – CHRU Strasbourg




1 - Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé.

2 - Jacques Testart. Les Etats-Généraux de la bioéthique : un leurre démocratique ? Alternative Santé, octobre 2009

3 - Zadiste : ZAD : « Zone à Défendre ». Terme en référence aux opposants au projet d'aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes.

4 - Commission nationale du débat public, 244 Bd St Germain, 75007 Paris – www.debatpublic.fr

dimanche 19 avril 2015



 
Nous participions ce lundi 13 avril au colloque organisé par FRANCE STRATÉGIE à l’occasion de la remise à T. MANDON, du rapport portant sur le rôle de l’État dans 10 ans.
Pour avoir été amené à connaître les travaux préludes au séminaire gouvernemental d’août 2013, il parait utile de souligner que le travail restitué ne doit pas rester lettre morte.
Le Ministre, en charge du choc de simplification, « buvait effectivement du petit lait », comme rapporté par la presse, reste à espérer qu’il n’avale pas à la suite…des couleuvres.
En effet même si nous regrettons, une mise en perspective qui ne prend pas assez en compte le rôle premier que peut jouer le tiers secteur, et ses valeurs fondatrices, nous pensons que le document, pose bien l’équation, identifie parfaitement les blocages et propose des leviers pertinents pour les objectifs à atteindre.
Comme nous l’avons souligné en séance, en réponse à une intervention d’un responsable syndical, il est temps de regarder les choses en face, et de dire que les corps intermédiaires, sont hors jeux, pour identifier les choix que doit faire l’Etat dans ses missions et de quelle manière il va les mener à bien.
Un pays qui consomme 57% de son PIB en dépense publique, pour un résultat mal apprécié par le citoyen, ne peut plus continuer à penser que l’État doit se mêler de tout.
Nous avons insisté sur un modèle social né après 1945, désormais totalement inadapté, aux nouveau défis, démographiques, économiques, sociaux et géo politiques, qui commandent de privilégier désormais le jeune adulte, là ou nous cajolions le sénior « vieillissant ».
Le rapport pose les bonnes questions, et enjoint de fixer de nouvelles priorités à l’action publique, ce qui conduit à revoir notre modèle social et son financement. A l’exception du syndicaliste, dans son rôle, les intervenants se sont accordés sur cette base.

Comme l’a bien montré Martin VIAL, l’État revendique 4 grandes fonctions, l’une régalienne (Sécurité, Justice, Éducation…), l’autre de régulation, et enfin gestionnaire de politique publique et de prestation de services.
La France dans 10 ans, sera un pays qui aura réfléchit sans faiblesse dés aujourd’hui.
En premier lieu et la plaidoirie syndicale l’a montré, nos institutions ne reposent pas sur un consensus social avéré. Ce pays donne l’impression de fonctionner avec privilèges, injustice et « flou artistique » .
Si vous voulez savoir en quoi notre système est re-distributif, qui donne et qui reçoit, vous entrez dans un maquis d’initiés, qui « sape le consentement a l’impôt » comme pointé par le rapport car chacun pense que l’autre est mieux loti et défend alors son petit prés-carré.
Tout l’enjeu des 10 années qui viennent va donc consister à mener à bien une pédagogie intensive et dés le plus jeunes âge, pour rendre le citoyen acteur et disposant des bonne clés de lecture.
Alors il sera plus aisé de repenser l’action publique, pour faire des choix et voir dans quelles missions l’État peut être utilement remplacé. Remplacé par l’entité privée ou mixte la plus apte à faire aussi bien que l’État, et dont la souplesse du statut et des emplois autorise des politiques publiques adaptées aux besoins des évolutions.
C’est là qu’il faudra être vigilants, car si plus de services est une bonne chose, des services avec plus d’agents publics serait mortifère pour nos équilibres économiques et financiers et notre pacte social.
Compte tenu du poids électoral des fonctions publiques, ce comportement lucide devra être un marqueur fort de la fin de ce quinquennat.

Nous ne boirons plus du petit lait, mais nous sablerons le champagne !