jeudi 19 mars 2009

« Story Telling »

A l’issue d’un repas familial, en un dimanche qui sentait bon le printemps, je ne peux résister au plaisir de vous dire un mot d’enfant.

Alors que je commentais, comme souvent, l’actualité politique et l’évolution de LIBR’ACTEURS, alors que je revenais sur l’atteinte aux libertés quand cela arrange (EDVIGE, Juge d’instruction, etc..) et la sanctuarisation des petits arrangements quand cela sert (extension du secret défense, dépénalisation des délits d’affaires etc..).

Je replaçais cela dans le contexte de la difficulté de vivre pour beaucoup, le tourbillon des réformes et annonces tous azimuts, et la mise en place, devant une opinion anesthésiée et étourdie de mesures et options lourdes de conséquences pour ce pays et nos enfants.

J’expliquai la stratégie du « story telling », que j’ai déjà dénoncée par le passé, consistant à raconter des histoires nouvelles pour brouiller le libre arbitre tout en donnant l’impression de la transparence et de l’information.

A ce moment l’un de mes petits fils (10 ans) me dit, « Tu vois PAPY c’est comme ton cadre numérique, qui fait défiler des photos, si tu le règles trop vite, on a vu la photo, mais on n’a pas le temps de voir si elle est bonne ! »

Génial, qui a dit que la vérité sortait de la bouche des enfants !

Quand nous réfléchissions au sein de la défunte ENERGIES DEMOCRATES, à une démarche systémique, pour proposer en 2007 un vrai projet, nous avions conclu qu’en politique comme en économie, il y avait des cycles pour agir et des cycles pour ne pas agir.

- Le moment pour ne pas agir, c’est le temps consacré à la réflexion, a la concertation, à la conceptualisation.
- C’est le temps nécessaire pour ceux qui ont compris, et ils sont de plus en plus nombreux, que la démocratie, mérite d’être revisitée et dépoussiérée.
- Le fait majoritaire, à un moment « M » de la vie d’un pays, n’est qu’une image, et dans tous les cas ne reflète qu’une partie de l’opinion.

Nous pensons avec beaucoup d’autres avant nous et en particulier Benjamin CONSTANT qu’accorder à une majorité, faite de compromission électorales, et de reniements, tous les pouvoirs, c’est donner à la masse, l’individu en pâture.

A bien y regarder c’est ce qui se met en place, et qui commande de toute urgence de revoir la représentation démocratique le cumul des mandats, la longévité politique et la sanction impitoyable des manquements.

Le citoyen doit toujours pouvoir être contrôleur et juge, pour être acteur de son destin il ne peut se contenter d’être électeur de loin en loin.

Confier un mandat sans demander de comptes, c’est faire un chèque en blanc.

Il ne faudrait pas confondre « LA STIPULATION POUR AUTRUI » comme la forme la plus aboutie de la démocratie représentative !!


Richard HASSELMANN

lundi 16 mars 2009

Urgence signalée

LIBR’ACTEURS a été fondée, pour rendre le citoyen acteur de son destin, et pour régénérer le fonctionnement démocratique de ce pays.

Lors de notre dernière Assemblée Générale, répondant en cela à la demande de membres et sympathisants nous avons convenu de mettre en ligne, chaque fin de semaine, un petit billet, sur l’actualité, lue à l’aune de notre veille première : Une démocratie rénovée, par la fin du cumul de certains mandats et une réorganisation courageuse de nos collectivités locales et territoriales.

Pour ce premier billet de l’espèce, j’aurai pu vous parler, du coup de force « PEROL » , de la dérive atlantiste par OTAN interposé, ou de la preuve de l’impuissance du politique, à partir des plans sociaux de TOTAL ou de CONTINENTAL

Mais il y a plus grave, beaucoup plus grave, jugez-en !

Nous découvrons, avec d’autres, que dans les plis touffus du projet de loi de programmation militaire 2009/2014, en son chapitre VI intitulé « DISPOSITIONS RELATIVES AU SECRET DE LA DEFENSE NATIONALE » , se cache ni plus ni moins qu’une formidable extension du champ du trop célèbre SECRET DEFENSE.

Vous savez cette classification, qui a laissé dans les nimbes du doute et dans ceux de l’impunité les complices de l’assassinat de M.BEN BARKA, ou au plan plus matériel, les heureux bénéficiaires de différentes commissions occultes type FREGATES de TAIWAN.

En son état, ce projet de loi qui est dans sa phase ultime, ouvre la porte à toutes les manipulations et à toutes les dérives.

L’exposé des motifs vaut son pesant de cacahouètes :

« Eviter des atteintes au secret de la défense nationale, résultant de la prise de connaissance d’éléments classifiés, par un magistrat ou un enquêteur n’ayant pas qualité à en connaître ». Que cela est joliment rédigé, en gros cela veut dire que ces juges d’instructions que l’on veut supprimer, ne sont pas fiables, qu’ils laissent les vrais responsables entre eux.

On apprend ainsi que la matière CLASSIFIEE SECRET DEFENSE va être étendue, mais que les lieux et acteurs associés seront également CLASSIFIES. Sans rire, demain EADS, DASSAULT et pourquoi pas DISNEY WORLD pourront être classifiés et donc non susceptibles d’être investigués !!

Cette affaire, comme le fichier EDVIGE, comme l’Affaire PEROL, est grave sur la forme et le fonds. Sur la forme, c’est une nouvelle tentative de passer en catimini, on connaissait les cavaliers budgétaires et législatifs, il faut maintenant surveiller les DRONES. Sur le fonds, c’est une nouvelle entorse au fonctionnement démocratique et transparent de notre pays.


Richard HASSELMANN

Crédits et copyrights
Marianne2
Le Monde
AFP
Agoravox
Le Figaro
Wikipedia

Copyright Montage
Karine Villard

mardi 10 mars 2009

Le futile contre le vital 

Les bourses dévissent. L’économie, après la finance, vacille et pourrait même s’effondrer. Le « pire » est peut-être même à venir.

Etonnant : la surprise est générale, là où c’est d’être surpris qui est surprenant !

Nos « responsables » se moquaient il y a peu de temps encore des « Cassandre » qui tentaient vainement de nous prévenir sur les folies de notre modèle.

Notre « élite », grassement payée et volontiers donneuse de leçons, qui confond noblesse et privilèges, n’a pas vu venir les changements du monde, ni la perversité d’une économie de fuite en avant, ni celle d’une économie financière illusoire et spéculatrice où « refiler la patate chaude » faisait partie du « sport », témoignant ainsi d’une naïveté coupable, si ce n’est d’une malhonnêteté délibérée.

Cette élite a pourtant toujours la cote, là où en d’autres temps elle aurait eu la tête coupée.

Jusqu’où irons nous dans cette complaisance ? Quand prendrons nous conscience qu’en particulier nous ne pouvons plus mettre sur le même plan le futile et le vital ?

Lutte contre la pauvreté grandissante, santé, éducation, emploi, sécurité, logement, lien social, bien-être…ont besoin des moyens que nous consacrons au futile. Ils ont besoin d’un « nouvel équilibre » à ne pas confondre cependant avec les revendications de corporatismes majoritairement déresponsabilisant qui ignorent les autres, c'est-à-dire l’intérêt général en s’opposant à presque toutes les réformes.

Demain sera très différent. Le temps de la Pédagogie est venu. Mais l’élite en est-elle capable ? Car pour les Libr’acteurs, c’est la question du Virage devenu incontournable. Sera-t-il négocié en douceur ou sera-t-il chaotique, voire violent ?

La droite, avec sa poudre aux yeux populaire et populiste, malgré ses remarquables facultés d’adaptation finira bientôt par rendre les armes plutôt que les privilèges qu’elle défend.

La gauche, avec ses socialos profiteurs, malgré ses pertinentes valeurs, finira à nouveau par « triompher » plutôt que de penser autrement et de sacrifier les « siens ».

Quel dommage !

Alors, nous les Libr’acteurs, allons-nous laisser filer ?

NON

Sans complaisance, aidons le fruit à mûrir tout autour de nous et à l’approche des Européennes. Faisons confiance à l’avenir. L’histoire nous l’enseigne. Soyons patients et obstinés.

La surprise nous attend là où nous ne l’attendons pas.

Car si nous sommes révolutionnaires nous n’en sommes pas pour autant violents. Bien au contraire justement.

Être surpris serait alors surprenant.


Christian LIEBER

mercredi 4 mars 2009

Hypocrisies

Nous avons créé LIBR’ACTEURS sur un crédo : Il faut rendre le citoyen acteur de son destin, en régénérant notre fonctionnement démocratique. Notre cible première est la fin du cumul de certains mandats, l’émergence d’une nouvelle race d’élus, autorisée par un statut spécifique, et à la suite une réforme de l’Etat et des collectivités locales et territoriales.

Nous disons et redisons, qu’il faut une parfaite transparence dans les responsabilités, pour juger de l’efficacité des mandats confiés .Nous disons et redisons qu’il est temps de tordre le cou, a cette singularité franchouillarde qui voit des individus faire carrière en politique, fouler au pied des convictions que l’on croyait forte, et prêt a toutes la compromissions pour se maintenir dans l’assiette au beurre. La France, pays des lumières a assez de talents, pour que chaque mandat soit porté par des citoyens de talents, tournés vers les autres et qui sait qu’il va consacrer un simple temps de vie à la collectivité.

Il faut exiger que l’on brigue un mandat pour un projet et une conviction et chasser sans pitié tous ceux et celles qui n’ont pour seule ambition que de conquérir ou conserver des mandats et les belles indemnités qui s’y attachent. La campagne des Européennes qui s’ouvre est à cet égard révélatrice et accablante. Quel que soit le parti, il faut s’être entretenu avec les têtes de listes et les candidats, pour comprendre.

A de très rares exceptions vous ne trouverez aucun candidat potentiel, vous décliner une vision claire et charpentée de l’Europe de demain. Vous ne percevrez aucune religion personnelle, aucune idée innovante. Cette formidable hypocrisie qui risque de déboucher sur l’abstention et de nouvelles désillusions, se prolonge avec les premières réactions liées au rapport BALLADUR.

LIBR’ACTEURS travaille cette question de longue date, et a trouvé avec le temps des concordances de vues, reprises dans le rapport WARSMANN, ou par l’Institut MONTAIGNE. Nous suivons également les productions fort instructives de l’observatoire de la décentralisation.

C’est à croire que nos élus, ne savent pas lire ou ne veulent pas entendre.

Les méfaits du cumul des mandats sont parfaitement connus, l’impact sur le gaspillage du denier public également. Les compétences superposées qui brouillent l’image et les responsabilités, comme la taille insuffisante de certaines entités, tout cela est avéré. Qu’a cela ne tienne, le politique de droit divin, pour ne pas dire héréditaire, se serre les coudes pour pousser des cris d’orfraie.

Dés l’immédiat après guerre, on parlait de Paris et le désert français, sommes nous surs que cela ne soit pas toujours d’une triste et brûlante actualité ?


Richard HASSELMANN

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Le blog oeuvrer

lundi 2 mars 2009

Nucléaire ?

Depuis HIROSCHIMA le mot est chargé d’histoire, avec TCHERNOBYL les choses ne se sont pas arrangées. Au sein de LIBR’ACTEURS, le débat est en gestation, mais la culture de l’association veut que nous cherchions avant tout l’objectivité, la pondération, et l’information pluraliste.

Il demeure un premier constat, le nucléaire en France relève quasiment du secret d’Etat pour ne pas dire secret des dieux. On ne peut pas comme le demande le PDG d’EDF réclamer les pleins pouvoirs pour la filière EPR, exiger des augmentations de tarifs, promettre des embauches massives, et ne pas communiquer sur les coûts, les risques et les alternatives potentielles.

Cette posture fait penser à une entreprise mono-produit, ou avec un client quasi-unique, qui ne veut pas envisager de PLAN B ou qui ne connaitrait pas la courbe de GAUSS

Il faut avoir examiné les rapports de la DGEC (Direction Générale de l’Energie et du Climat) pour s’inquiéter. La pensée unique est une spécialité française, comme l’acharnement thérapeutique ou la défunte filière graphite-gaz : Hors le nucléaire point de salut.

Nous pensons simplement qu’il convient de ne pas tout sacrifier au moloch nucléaire, et réserver des crédits, de la puissance intellectuelle et la simple idée, que des énergies alternatives mériteraient d’être explorées, pour que demain nous ne soyons pas démunis.

Les USA lancent des programmes ambitieux pour l’énergie solaire. Au lieu d’essayer de convertir l’Europe au tout nucléaire « français –propre », il serait peut être de bonne gestion de promouvoir au niveau européen des programmes ambitieux de recherches d’énergies renouvelables. A défaut la production d’énergie nucléaire, fort onéreuse, et non stockable, ne trouvera plus a se vendre a son prix de revient et générera une fuite en avant, pour serrer les coûts de production au détriment de la sécurité des installations et donc de celle des personnes et des biens.


Richard HASSELMANN

Sources et crédits
Vie publique
Mathcurve
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Résosol

mercredi 25 février 2009

Otan : Les enjeux

Nicolas Sarkozy se prépare à officialiser le retour de la France dans l'OTAN. Peu de commentaires sur le sujet et pourtant des conséquences considérables

Depuis plus d'un demi-siècle la France a tenu, non sans succès, à se démarquer des choix imposés aux membres de l'Otan par les Etats-Unis. l'Otan est et restera malgré le Président Obama un instrument de projection de puissance militaire et industrielle

Pour ceux qui n'en connaîtraient pas la genèse, nous vous proposons ci-dessous une courte présentation.

L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord - OTAN (NATO - North Atlantic Treaty Organisation en anglais) est une organisation politico-militaire créée à la suite de négociations entre les signataires du traité de Bruxelles (la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Royaume-Uni), les États-Unis et le Canada ainsi que 5 autres pays d'Europe Occidentale invités à participer (le Danemark, l'Italie, l'Islande, la Norvège et le Portugal), pour organiser l'Europe face à l'Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale. Le siège de l'OTAN se trouve à Bruxelles et son commandement militaire (SHAPE) à Mons (Belgique) -Site officiel

L'OTAN cherchera, plus que jamais, à susciter des situations d'affrontements bénéficiant à l'appareil militaro-industriel qui constitue dorénavant la principale charpente –(Caucase, Irak) Certains Européens veulent croire que, confrontés à la crise économique et devant restreindre leurs engagements militaires, les Etats-Unis prendront un ton plus conciliant à l'égard de la Russie, de l'Iran, des pays d’Asie.

La France une fois bâillonnée par son appartenance à l'Otan, ne pourra plus, contrairement à ce que prétend Nicolas Sarkozy, faire entendre une éventuelle petite musique contraire. Elle sera devenue inaudible.

Carte des pays membres de l'OTAN - NATO - (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord - North Atlantic Treaty organisation)

Dans la perspective de protéger la souveraineté militaire et politique de la France, Charles de Gaulle avait défendu avec succès il y a 50 ans un point de vue contraire, en développant des moyens de défense dits du faible au fort. Aujourd'hui, le même raisonnement devrait être transposé à l'Europe toute entière et ce devrait être à la France, avec le reliquat des moyens de puissance qui lui restent, de convaincre en ce sens les autres Etats européens et les institutions politiques de l'Union

Une défense entièrement européenne, indépendante de toutes autres, s'impose plus que jamais. Elle doit disposer en propre non seulement des forces de projection mais de tous les matériels et technologies nécessaires à la souveraineté terrestre, aérienne et maritime relevant des compétences de l'Union.

Il faudra y consacrer des centaines de milliards d'investissements. Mais ceux-ci, non délocalisables et automatiquement protégés, permettront l'acquisition des compétences scientifiques et économiques indispensables à des économies civiles modernes.

Si l'Europe disposait rapidement de telles forces et ressources, même en cas d'aggravation catastrophiques des tensions, elle aurait une grande chance de se faire entendre. Mais certains préfèrent la sécurité du « parapluie » US.

Quid de l’Europe ?


Eric Campion

lundi 23 février 2009

Pilotage à vue

Notre Président de la République vient de se rendre compte que des personnes et des familles vivent des jours difficiles, confrontées au problème de l'emploi et à un niveau de vie incertain voire en baisse. C'est une heureuse nouvelle ! Non seulement pour des raisons matérielles, mais aussi pour des raisons morales : les personnes qui subissent la crise n'en sont aucunement responsables, et il devenait de plus en plus insupportable de consacrer autant de milliards à la relance d'un système en faillite, sans accorder aucun centime à ceux qui en sont victimes.

Bien sûr, certains expriment des critiques élogieuses sur les mesures annoncées ce mercredi 18 février, et d'autres des critiques négatives. Mon propos d'aujourd'hui est autre. En effet, je suis frappé par l'incohérence des choix et des actions menés par notre Gouvernement depuis bientôt deux ans. Commençons par un sujet qui me tient à coeur, que nous avons encore évoqué dans un précédent article : la bonne gestion des deniers publics. Nicolas Sarkozy ne cesse de vouloir rassurer nos partenaires européens à ce sujet : en juillet 2007, il s'était engagé à ce que notre déficit public ne dépasse pas 2,4% du PIB (il s'est établi à 2,7%...). Puis, en 2008, il s'est engagé à ramener nos finances à l'équilibre en 2012. Notre Premier Ministre a même déclaré que notre Etat était presque en « situation de faillite ». Certes, un peu de souplesse budgétaire s'avère nécessaire et légitime pour faire face à la crise. Mais nous dépassons toute mesure ! Nos partenaires européens viennent d'ailleurs de nous le rappeler par la voix de la Commission européennne, en estimant que notre déficit public atteindrait environ 5,5% de notre PIB à la fin de l'année...

Chaque candidat à l'élection présidentielle de 2007 a pu prendre connaissance du diagnostic et des préconisations du rapport Pebereau publié en 2005 sur nos finances publiques. L'une d'elle était de réduire nos dépenses structurelles de fonctionnement avant d'engager la moindre baisse de fiscalité. Notre Président a fait tout le contraire en instaurant, dès son élection, le fameux « bouclier fiscal ». Aujourd'hui, il persiste et signe : suppression des recettes publicitaires dans l'audiovisuel sans plan de substitution ; suppression de la taxe professionnelle sans présenter le moindre projet palliatif (et sans même attendre le résultat des travaux en cours sur la Réforme de l'Etat...) ; diminution de l'impôt sur le revenu ; dépenses aveugles et arbitraires dans des actions de soutien à l'économie, telles que les 20 milliards d'euros consacrés à la création d'un « fonds souverain à la française », ou les 6 milliards d'aides pour nos grands constructeurs automobiles (qui se sont engagés à « tout faire pour ne pas licencier », c'est-à-dire à rien du tout !).

Avec ses 1000 projets sur étagères (ou re-sortis des étagères), avec ses mille et une idées, ses mille et une actions, ses mille et un discours volontaristes, le Président Sarkozy donne l'impression de toujours partir de rien. Il semble par exemple oublier les quelques 300 propositions (bonnes ou mauvaises) du rapport Attali d'il y a un an, tout comme le rapport parlementaire de Christian Blanc sur « l'éco-système de la croissance » publié en 2004. Pendant 2 ans, il a mené une politique de croissance par la demande : baisse de la fiscalité (des plus riches), politique de pouvoir d'achat (réussie ou non), creusement des déficits (bien réel),... Aujourd'hui, il trouve soudainement ridicule toute relance par la demande, et devient un inconditionnel de la relance par l'offre...! A force de gesticuler dans tous les sens, en particulier dans des directions opposées, à force d'ouvrir cent chantiers simultanés sans les mener à leur terme, à force de vouloir passer en force sans comprendre l'importance du lien humain dans toute réforme, il risque d'arriver au même résultat que son prédécesseur : l'immobilisme ... !

Au fond, ce pilotage à vue traduit une incapacité à prendre du recul et à comprendre les crises que nous traversons. Quel dommage de ne pas avoir profité de la Présidence de l'Union européenne pour proposer un plan de relance européen ! Au lieu de cela, chacun conçoit un plan de relance national, qu'il espère meilleur que son voisin. Un plan qui vise à vendre davantage de produits et services à ses partenaires tout en évitant soigneusement qu'il ne facilite l'achat de davantage de produits et services auprès de ces mêmes partenaires. Un tel retour affiché et insidieux au protectionnisme me paraît tout à la fois stupide sur le plan économique, dangereux sur le plan géopolitique (et donc pour la stabilité et la paix), et choquant sur le plan de la solidarité entre les peuples.

Quel dommage de vouloir faire repartir un système capitaliste à bout de souffle avec des recettes traditionnelles, qui n'ont d'exceptionnelle que l'ampleur des moyens financiers engagés (non sans risques...) ! Quel dommage d'être si aveuglé par la crise économique et financière qu'on en oublie les crises morale, écologique, sociale, de partage équitable, autrement plus graves et profondes que cette crise économique et financière, qui n'en est d'ailleurs peut-être qu'un symptôme... Quel dommage de revivre ce débat stérile entre la relance par l'offre ou par la demande, guidé, une fois de plus, par une vision bipolaire et manichéenne, alors que les deux sont indispensables et que les vraies questions de fond sont à mon avis les suivantes :

De quel type de croissance a-t-on besoin ?
Comment faire de la croissance « durable » ?
Comment relocaliser les activités économiques ?
Comment réaménager les territoires et les bassins de vie en visant le mieux-vivre et le bien-être ?
Comment réduire les transports et les activités polluantes ? Dans quels secteurs d'avenir, utiles pour un développement et une société « durables », investir ?
Comment les promouvoir et les faire émerger ?
Comment aider nos PME dans leur trésorerie et leur développement ? Etc, etc...

Espérons que les élections européennes, les prochaines réunions du G20, du G7 et autres grandes institutions internationales posent le débat au-delà de la seule régulation des marchés financiers. Espérons que des idées et des solutions soient enfin proposées, étudiées et mises en oeuvre pour répondre à ces enjeux et pour traverser, avec un vrai cap et sans trop d' encombres, la période de transition (pour ne pas dire de révolution!) que nous vivons à l'échelle de la planète.


Lionel Lacassagne