dimanche 25 février 2018

MODERNITE et FRATERNITE.




 


Au moment où l’on s’interroge, à juste titre, sur la pertinence d’un modèle social d’un autre siècle, au moment où beaucoup s’essayent a des refondations en oubliant les fondamentaux, il parait utile de livrer ici les réflexions du terrain.
En premier lieu, un constat assez largement partagé et réconfortant, les nouvelles technologies, les réseaux, la plus grande autonomie des individus, ne nuisent pas à la fraternité et la solidarité. Ce constat réconfortant constitue une bonne base de travail pour imaginer, un nouveau modèle social, et une refondation de son pilier principal notre système de santé.
Il importe dés lors de faire œuvre de pédagogie pour le plus grand nombre et dés le plus jeune âge, pour montrer en quoi bien que de plus en plus autonomes, les individus sont « dans le même temps » (formule à la mode) de plus en plus liés, complémentaires et surtout interdépendants. Pour preuve des travaux en cours sur le grand âge, révèlent que ce qui manque le plus aux grands séniors maintenus à domicile, c’est le lien social, restauré par l’hébergement en Établissements (résidences séniors, EHPAD).
Dés lors il semble évident de proposer une nouvelle protection sociale, ou l’État Providence céderait la place à un État stratège, attaché a la pédagogie des enjeux, et a la responsabilisation des acteurs. Pédagogie et responsabilisation dès le plus jeune âge, pour faire naître un rapport moderne à la société. Pour faire comprendre ce que l’on est en droit d’attendre d’une protection sociale dès lors que chacun apporte par son comportement et son effort. Une telle approche remet totalement en question les fondements d’un État providence qui soucieux d’assistance s’est attaché, a un modèle social, qui reprenne la main sur les « assureurs » qui montent en puissance depuis une trentaine d’années. Ce faisant, en voulant tendre vers l’universel, on se trompe de méthode, selon un défaut bien français des approches catégorielles segmentées.
A cet égard en matière de système de santé, l’illustration est flagrante. Il faut avoir lu attentivement le tout récent rapport portant sur la stratégie de transformation du système de santé pour s’en convaincre. Une nouvelle fois, mélange des genres, un titre qui porte sur « le système de santé » et un contenu en 5 chantiers qui traitent de…. « L’offre de soins ».
C’est une nouvelle ignorer que le soin, n’est qu’un instrument au service de la santé ou que l’allongement de la vie est d’abord du aux progrès des conditions de vie. C’est en ce sens que l’on ne peut faire l’économie de la responsabilisation individuelle, a l’aune d’une solidarité entre les citoyens, pour proposer une approche globale, qui éliminera les mesures catégorielles qui brouillent le paysage, la compréhension et le suivi. Cela conduit à penser que la solution passe par une protection sociale, la plus ambitieuse possible en termes de santé, de nature à redistribuer au plus grand nombre. Sur un tel socle, construit par un consensus citoyen et financé par le budget national géré par la sécurité sociale, il peut être envisagé un second niveau. Un niveau d’exercice des solidarités de proximités territoriales, pathologiques ou corporatistes gérés par des communautés de personnes, qui librement mettent en commun des moyens pour des garanties plus ciblées. C’est là que le modèle des vraies mutuelles trouve toute sa pertinence. Le reste, qui relève du somptuaire, d’un certain confort ou effet de mode, reste disponible pour l’assurantiel capitalistique et concurrentiel.
R HASSELMANN.
(Article publié sur LES ECHOS.fr le 25.02.18)