dimanche 9 juin 2013

Identité européenne et Pôle de réflexion géopolitique européen

LIBR'ACTEURS livre ici les réflexions et positions qui vont servir de base à sa prochaine réunion de travail.

L'identité européenne

Les identités ne se décrètent pas, elles se constatent au sein des groupes dont elles assurent la cohésion.

Si l'Union européenne n'est pas encore une fédération, comme le sont aujourd'hui les États-Unis, c'est parce qu'elle est de construction trop récente pour avoir fait naître et avoir soumis à l'épreuve du feu des valeurs communes au plus grand nombre des citoyens européens.

Ces thèmes sont d'abord d'exclusion : « Nous estimons former une communauté que nous voulons distincte de celles des voisins, ceci généralement à l'intérieur de frontières communes ».
Beaucoup d'Européens se sentent plus ou moins explicitement distincts de leurs voisins du Moyen-orient ou de l'Afrique. Il n'y a pas lieu de le leur reprocher, même si ces sentiments peuvent générer de la xénophobie.

Quoiqu'il en soit, ces « valeurs d'exclusion », même si elles peuvent donner lieu à des campagnes d'ostracismes, sont indispensables. Si elles n'existaient pas, l'Europe n'existerait pas. Ce devrait être aux institutions démocratiques européennes de les traduire en politiques publiques raisonnables, en matière d'immigration et d'intégration notamment.

Quelles valeurs spécifiquement européennes ?

Il n’y a pas de gouvernement « fédéral européen », capable de définir des politiques économiques, industrielles, diplomatiques et de défense communes Les valeurs sont constitutives de la civilisation européenne : démocratie politique, libertés publiques et d'expression, habeas corpus et droits de l'homme, égalité entre femmes et hommes, poids donné à la connaissance scientifique, etc..

et la laïcité intégrée comme une séparation stricte entre les institutions et les religions, quelles que soient ces dernières et en devenir si le religieux n’instrumentalise pas le politique ni le politique n’instrumentalise le religieux.

Quand on voit la montée au pouvoir des forces religieuses dans le reste du monde, il faut bien admettre que l'Europe est la patrie d'une telle laïcité.

Une civilisation de nations jadis en conflit

une valeur identitaire supérieure, propre à l'Europe est le fait qu'elle ait pu rassembler des nations aux identités spécifiques différentes, qui se sont opposées férocement dans l'histoire. Jamais dans le monde, en si peu de temps, ne s'est produit un phénomène de cette ampleur.

L'Europe à la tête de la protection des éco-systèmes

l'Europe a été la patrie des Lumières et de l'universalisme, mais consacre de moins en moins de moyens aux recherches scientifiques , aux enseignements supérieurs et à de grands programmes technoscientifiques de long terme. Pourtant elle s’intéresse aux thèmes de la protection de la nature et des éco-systèmes, comme plus généralement de la décroissance des formes destructrices de consommation gaspillage.

Avec la maîtrise des technologies de l'information dont elle dispose, elle pourrait être bien plus influente qu'elle ne l'est à présent et pourrait porter une composante majeure de l'identité européenne, du Nord au Sud et de l'Ouest à l'Est, la conscience de la Terre.


Créer un pôle de réflexion géopolitique européen

Pour réfléchir et agir pour une « Europe Politique, Nouvelle Puissance dans un Monde Multipolaire », l'Union Européenne avec un axe Franco-allemand fort doit s'affirmer comme une puissance majeure d'entraînement, d'anticipation et d'exploration du possible à un moment où le monde doit résoudre, en même temps, les contraintes géopolitiques du retour de la multipolarité et les grands défis planétaires.

Proposer aux Européens une vision géopolitique, c'est analyser les forces et les faiblesses, les atouts et les risques, les enjeux et les défis que la situation singulière de l'Europe par rapport à la géographie de la planète lui confère, à une époque où se conjuguent la montée des rivalités internationales, de grandes échéances systémiques financières, climatiques, alimentaires, démographiques, culturelles et sanitaires.

Sans la création d'une ou plusieurs institutions d'anticipation du futur, les Européens se condamnent à déléguer la conduite de leur destin à d'autres qui n'ont aucune raison de leur laisser la possibilité de s'affirmer comme des acteurs majeurs du monde qui vient.

- L'Union Franco Allemande, comme un élément d'entraînement et d'anticipation.

- Les principes d'une économie solidaire, protectrice du bien être des cinq cent millions d'Européens, socle d'une société européenne attentive aux droits et aux devoirs de la personne
(programme de ré-industrialisation, largement appuyé par une politique de souveraineté technologique, de défense, de relance spatiale et de sécurité agro-alimentaire).

- Une politique ambitieuse de structuration d'un espace européen qu'il faut aménager pour lui donner sa cohérence territoriale et sa lisibilité, en particulier par le déploiement d'un réseau ferroviaire européen à grande vitesse, par le développement d'un système fluviomaritime de canaux trans-européens, à grand gabarit, mais aussi par la mise en place d'un réseau transcontinental sécurisé et équilibré de transport de gaz et de pétrole.

- Sur le plan culturel et en particulier linguistique, l'Union européenne doit valoriser cette extraordinaire richesse que constitue la cohabitation, en son sein, des trois domaine linguistiques Romain, Germanique/Anglo-Saxons et Slave.

- Pour faire face à un risque de vieillissement démographique entraînant, à terme, l'affaissement de sa population active et donc l'affaiblissement de son niveau de vie, risque qui constitue probablement la menace la plus grave qui pèse sur elle, l'Union doit engager, sans délai, une véritable politique de population comprenant quatre volets indissociables : politique de natalité et de la famille, d'immigration et de co-développement avec les pays migrants mais aussi de maîtrise des conflits intergénérationnels potentiels dont certains signes inquiétants commencent à apparaître.

- Tout cela demande une politique budgétaire maîtrisée, un fléchage des crédits et la fin des financements européens de complaisance.

Eric CAMPION