mardi 3 juillet 2012

Et maintenant qu’allons-nous faire ?

Les élections sont passées, la France est devenue rose sans joie, le bleu marine fait son entrée à l’Assemblée nationale, l’UMP ne sait plus quelle est sa couleur, l’orange est en berne depuis l’échec de son porte-drapeau, le rouge a dit non à une participation à la gestion du pays, et les verts, comme d’habitude, se déchirent au lendemain d’un scrutin profitable.

À y bien réfléchir, s’est-il vraiment passé quelque chose d’important dans notre pays, en apparence non, les Français ont l’habitude de l’alternance tout en sachant que le nouveau pouvoir ne fera pas mieux que le précédent et que la facture va s’alourdir, car nos alliés européens viennent de nous rappeler le principe de réalité.

Tout individu normalement constitué devrait se dire qu’il vaut mieux faire le gros dos et partir en vacances en attendant une rentrée qui verra son lot habituel d’augmentations, le bronzage estival rendant moins amères les inévitables ponctions.

Et pourtant, il s’est passé quelque chose de grave : plus d’un citoyen sur trois est représenté par défaut ou pas du tout. Lorsqu’on consulte les chiffres donnés par le site du ministère de l’intérieur, on s’aperçoit que le nouveau président a recueilli 51,6% des suffrages exprimés, mais en réalité 39% des électeurs inscrits qui se sont prononcés pour beaucoup non par conviction qu’il est le meilleur, mais contre l’autre qui avait franchi la ligne du pire.

Plus évident encore, le PS a obtenu aux législatives « officiellement » 40,91% des exprimés, en réalité 21,79% des inscrits. Nous  notons au passage que le corps électoral est passé en quelques semaines sur le même site de 46 082 104 inscrits à 43 233 648, soit une différence de 2 848 456, l’équivalent à quelques milliers près de la population de la Jamaïque, si le premier chiffre est exact, la représentativité du parti dominant est moindre et passe à 20,45%.

Curieuse arithmétique qui permet avec 41% des suffrages exprimés d’obtenir la majorité absolue des sièges, mais plus inquiétant, de gouverner sans contrôle et sans contre pouvoir avec seulement  un quart du corps électoral. Jean-Charles dans la Foire aux cancres  ne faisait pas mieux : « Principe d'Archimède : tout corps plongé dans un liquide, s'il n'est pas revenu à la surface au bout d'une demi-heure, doit être considéré comme perdu. »

En l’occurrence, c’est la démocratie qui est perdue si le citoyen ne réagit pas avant qu’il soit trop tard. Peut-on dans le pays des Droits de l’homme accepter que des candidats totalisant (Marine LE PEN, Jean-Luc MÉLENCHON, François BAYROU) 38,13% des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle n’aient que 14 députés sur 577 (2,4%) quand le parti écologiste dont la candidate recueille 2,31% des suffrages en compte 16 ?

Le scrutin majoritaire à deux tours a pour principe fondateur d’assurer au président élu une  majorité pour gouverner, mais il génère des effets pervers qui recouvrent une autre vérité : confisquer le pouvoir du peuple et interdire à quatre électeurs sur dix d’avoir une représentation effective ou favoriser des alliances opportunistes. Le porte-parole du gouvernement ne s’est pas privé de le rappeler en s’adressant à ses alliés écologistes auxquels il concède du bout des lèvres  « la liberté d’expression, mais pas la liberté de vote » !

Et maintenant qu’allons-nous faire ? C’est à vous lecteurs et à nous Libr’acteurs d’agir pour que soient entendus celles et ceux qui pensent depuis longtemps que la vérité n’est ni de gauche ni de droite et encore moins aux extrêmes.

À force d’arrogance et d’aveuglement, nos nouveaux élus qui rendront le non cumul des mandats effectif après les élections de 2014, contrairement aux promesses de campagne,  n’ont pas compris que le plus sur moyen de faire prospérer les extrêmes est de les ostraciser, chaque scrutin voyant le nombre de leurs électeurs augmenter et nous nous réveillerons un jour avec une majorité bleu marine ou rouge qui représentera un Français sur cinq, mais aura tous les pouvoirs. 


Le Collectif Libr'acteurs


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