mardi 24 avril 2012

Réflexions sur une campagne insignifiante


Libr'acteurs vous propose un nouveau billet envoyé par un sympathisant. Nous vous en souhaitons une bonne et attentive lecture.



Viande halal, permis de conduire, lunettes vertes ou noires… Nombre de commentateurs s’effarent de l’inanité des sujets qui auront fait débat à l’occasion de cette campagne présidentielle « morne » et « insignifiante ». Ils en concluent volontiers que les Français, décidément, ne s’intéressent à rien et se comportent en « veaux », comme aurait dit notre dernier véritable homme d’Etat.

Et si c’était juste l’inverse ? Si les Français, par leur apparente indifférence, manifestaient en réalité un sens politique beaucoup plus profond qu’on ne le croit ?

Les Français, collectivement, ont la fibre politique. Je crois qu’ils ont parfaitement saisi et intégré quelques réalités très simples : qu’il faut s’attaquer à la dette nationale, que la France ne peut pas jouer perso dans une économie mondialisée et dans un système économique à acteurs multiples, qu’il est plus qu’urgent de réparer notre ascenseur social et de refonder notre pacte citoyen… Je crois qu’ils savent que, de gauche comme de droite, le président élu devra composer avec des forces multiples et naviguer entre les écueils. Je crois qu’ils se sont fait à l’idée que, bon gré mal gré, il n’y a guère qu’une seule route et que, d’où qu’il vienne, c’est cette route que le futur capitaine devra emprunter.

Je crois qu’ils savent que cette route ne se fera pas sur une mer étale. Qu’il y aura de la houle et du tangage. Et que là encore, bon gré mal gré, ils l’acceptent, attendant seulement du capitaine qu’il soit capable de limiter au maximum les inévitables dégâts.

D’où l’avalanche de sujets secondaires ou futiles, qui ne deviennent sujets de campagne que parce que les Français, sans le dire, sont d’ores et déjà d’accord sur l’essentiel et que celui-ci, du coup, ne fait plus débat. Il s’agit d’arbitrer non pas entre deux politiques, mais entre deux façons de faire la même politique, une politique à laquelle les Français donnent implicitement leur assentiment.

D’où le relatif échec d’un Bayrou qui, sans proposer de solutions concrètes, s’obstine à dénoncer à voix haute des réalités que les Français ont déjà admises et intégrées. Le patron du MoDem a suscité l’intérêt lorsque, avec son « produire français », il a semblé apporter une proposition nouvelle ; mais depuis qu’il est revenu à la seule dénonciation des problèmes, il n’intéresse plus grand monde. Car les réalités qu’il dénonce, la plupart des électeurs non seulement les connaissent, mais savent qu’elles s’imposeront au dirigeant élu et détermineront une certaine forme de rigueur.

Les Français sont résolus à l’effort. Ils le savent inévitable. Leur seule exigence est que cet effort, demain, soit collectif et réparti de façon équitable. D’où les succès relatifs des extrêmes. La montée du FN traduit l’exigence d’un effort collectif, sans passe-droits ni communautés  qui chercheraient à se désolidariser du corps social. La montée du FDG traduit l’exigence d’un effort équitable, auquel les riches et les privilégiés contribueraient effectivement à hauteur de leurs moyens.

Ce que traduisent l’indigence de la campagne et le silence des électeurs, ce n’est pas de l’indifférence, de l’apathie ou de la stupidité. C’est au contraire la conscience d’une solidarité et d’un effort nécessaires. Une nécessité si évidente pour les Français qu’il ne trouvent même plus utile d’en parler, parce que ça va sans dire.


Christian CLAMECY



Crédit photo
1 jour une actu

6 commentaires:

  1. Excellente analyse que LIBR'ACTEURS partage totalement et que nous sommes heureux de livrer a la rféléxion de nos membres, sympathisants et nombreux lecteurs.
    ce billet comme les précédents va servir de socle a l'orientation plus forte de LIBR'ACTEURS dés que sera tombée l'écume et les outrances de la campagne.Comme le dit fort justement l'auteur, la voie est unique et étroite, quel que soit l'élu il n'y en a qu'une a emprunter.Comme la caravane dans le desert, il reste a savoir qui sera sur le chameau pour être protegé, qui aura droit a une rasade d'eau supplémentaire, compte tenu de l'effort consenti pour le collectif et qui sera a bannir.....pour trahison avérée.

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  2. Vous avez oublié la photo de mme LEPAGE! C'est vrai que mettre mesdames JOLY et LEPAGE dans un même album de famille ce serait vraiement faire de la provoc!!

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  3. Ce n'est pas LEPAGE qui est oubliée, c'est MORIN qui n'a rien a faire dans la galerie, comme il n'a plus rien a faire dans le paysage politique français.

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  4. Jacques Brillot25 avril 2012 à 23:18

    Bonsoir, Sommes-nous si surs que la majorité des Français connaissent vraiment quels sont les grands défis auxquels nous sommes et seront confrontés ainsi que la dizaine de mesures que tout futur Président et/ou Gouvernement devrait prendre?
    Sans pédanterie, il serait utile de signaler l'article paru dans le supplément du "Monde" daté 25 avril sous la signature de Paul Jorion qui dans sa dernière partie fait la courte liste de ce qu'il faudrait faire. Or, on peut se demander quelle proportion de nos concitoyens ont la moindre idée des mesures en question.
    Autrement dit, affirmer que nous savons presque tout et presque tous est dangereux alors que l'ignorance est probablement ce qui permet la naissance et le développent des crises. Jacques Brillot

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  5. @ Jacques Brillot

    Le billet ne dit pas que les Français savent ce qu'il faut faire. Il dit que les Français ont conscience qu'il y a quelque chose à faire : des efforts et des sacrifices. Nuance.

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  6. Madame LEPAGE a lancé un soutien a F.HOLLANDE c'est son droit.Il faut esperer qu'en retour elle sera dans l'équipe gouvernementale, pour faire passer ses messages et appliquer certains points de son projet.LIBR'ACTEURS n'a jamais donné de consignes quel est votre sentiment?

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